Au coeur du public, une singulière chanteuse surgit, se fraye un chemin jusqu’à la scène en descendant peu à peu les escaliers, portant talons aiguilles et mini-robe argentée, micro à la main, chantant un air populaire gentillet. Mais elle ne supporte pas bien longtemps cette parure et posture de diva – son inconfort (qui bientôt devient le nôtre) est bel et bien le sujet en question. Se moquant de ses carences vocales tout en restant prisonnière des outils de sa performance, tel le long câble inutile de son micro dans lequel elle s’emmêle – au point de devenir un noeud coulant qui peu à peu l’étouffe – l’artiste se fait fragile… Un désir impérieux d’expression lui fait prendre la scène, elle a enfin quartier libre. A l’image des simples bouteilles de plastiques vides qui l’entourent, la chanteuse-danseuse se transforme au fils des quartiers libres qu’elle se donne elle même jusqu’au final dansé paroxystique. Cette artiste, c’est Nadia Beugré, originaire de Côte d’Ivoire, féministe engagée qui interroge là les « espaces tabous » inaccessibles aux femmes notamment. Elle signe un solo performatif qui en dit beaucoup sur sa quête de liberté personnelle et plus largement sur celle des femmes en Afrique…