Festival Karavel
L’Après-midi d’un Faune ballet de Vaslav Nijinski bouleversa la danse académique et agita le public en 1912. L’animalité, la puissance, la sensualité du faune sous une forme épurée et par des mouvements stylisés inscrivirent ce ballet comme une pièce essentielle de l’histoire de la danse. Se « prendre pour des dieux ou des demi-dieux et prétendre avoir cette capacité de toute puissance » ! Par ces mots le chorégraphe David Drouard, situe ce spectacle comme un écho aux mouvements actuels de la danse tout en s’interrogeant sur nos volontés contemporaines de toute puissance. En s’inscrivant humblement mais justement dans les pas de Vaslav Nijinski, David Drouard signe une proposition de danse hybride enrichie de hip-hop. Avec le concours de cinq danseurs breakers, il sert magistralement ce prolongement de L’après-midi d’un Faune. Moitié hommes par le haut et moitié faunes par le bas, dansant à pieds nus ou juchés sur des sabots, les danseurs frappent et martèlent le sol. Entre personnages très anciens et personnages actuels, le spectacle engloutit dès lors les spectateurs dans une mythologie moderne et contemporaine. Le multimédia prend sa part dans l’hybridation de la forme et tel un dieu maniant l’illusion il chamboule et bouscule nos repères et notre confort de spectateur. Les corps servent d’écran à des projections vidéo, ils se tordent ou se dédoublent. Le héros de la mythologie immortalisé par Vaslav Nijinski retrouve ainsi les nymphes pour une fantaisie sensuelle et mystérieuse portée et accompagnée par l’univers sonore des compositeurs Eric Aldéa et Ivan Chiossone. MF.